De nombreuses études ont montré qu'à compétences égales, une personne « belle » aura plus de chances d'être embauchée qu'une personne « ordinaire » ; l'expérience qui le prouve consiste à envoyer en candidature spontanée des CV identiques, en changeant simplement la photo du CV : les résultants sont probants. Mais que dire des différences entre hommes et femmes ?
Bien que de nombreux progrès aient été réalisés en faveur de l'égalité femmes/hommes, le sexisme est encore bien présent dans la vie des femmes, que ce soit au niveau de l'insertion professionnelle, de l'intégration dans l'entreprise ou de l'évolution de carrière.
Sexisme et psychologie est un ouvrage de sensibilisation qui offre une meilleure compréhension du vécu des femmes (et des filles) mais aussi des hommes qui ne correspondent pas au rôle classiquement dévolu à leur sexe. Il ne s'agit pas d'un livre de psychologie du travail à proprement parler mais plutôt d'un livre qui traite d'un enjeu sociétal au coeur de nombreuses disciplines comme la psychologie du travail et des organisations et la psychologie de l'éducation.
Le livre se divise en trois chapitres. Le premier chapitre s'intitule « la catégorisation et les stéréotypes de sexe » où l'on retrouve les modèles théoriques du contenu des stéréotypes de sexe ainsi que l'influence des stéréotypes liés au sexe, au poids et/ou au handicap sur le concept de soi et la perception sociale. Ce premier chapitre nous apprend notamment que les femmes se définissent avant tout comme étant des femmes tandis que les hommes ne font pas référence à leur sexe en premier lorsqu'on leur demande de se définir. Sabine De Bosccher nous explique que l'homme, par rapport à la femme, représente le prototype de l'humanité ; c'est pourquoi il n'a pas besoin de préciser qu'il est un homme, il peut d'emblée avoir une identité plus personnelle, là où les femmes précisent d'abord qu'elles sont des femmes. Elles se rangent elles-mêmes dans une catégorie qui serait différente de celles des hommes. De plus, les filles et les femmes sont généralement décrites comme étant « plus » ou « moins » quelque chose que les hommes (plus douces, moins brutales...).
Le deuxième chapitre est dédié au sexisme dans l'éducation et notamment à l'école. Il souligne l'effet des attentes (verbales ou non verbales) de l'enseignant vis-à-vis de ses élèves sur la réussite scolaire de ces derniers. Ce phénomène, que les psychologues sociaux qualifient « d'auto-réalisation des prophéties » renforce les différences de genre et influence en particulier le rapport aux mathématiques, discipline qualifiée de « typiquement masculine ». Ceci explique par la suite les choix d'orientation et les proportions inégales de filles et de garçons dans les filières littéraires et scientifiques.
Enfin, le troisième et dernier chapitre est dédié au sexisme dans le monde du travail. C'est donc ce chapitre en particulier que je recommande aux étudiant.e.s en psychologie du travail car il traite des discriminations à la fois à l'embauche (biais de recrutement) et au sein des entreprises. Selon un préjugé persistant, les femmes seraient moins compétentes que les hommes mais plus chaleureuses du fait de qualités « naturelles » attribuées à leur sexe.
Aujourd'hui, bien que le sexisme « traditionnel » soit moins présent (car plutôt mal perçu), de nouvelles formes de sexisme se développent de façon plus subtile et insidieuse (cf la distinction entre sexisme hostile et sexisme bienveillant établie par Peter Glick et Susan Fiske). Il ne s'agit donc plus de sexisme ouvertement proclamé mais plutôt de sexisme parfois presque « inconscient », qualifié de néosexisme.
Ceci explique que les femmes subissent encore des inégalités salariales, des segrégations horizontales (parois de verre) et verticales (plafond de verre) qui les freinent dans leur carrière et les cantonnent implicitement dans leur rôle de femme ou de mère de famille. Par exemple, les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à « faire le choix » d'un temps partiel pour s'occuper des enfants et des tâches ménagères. De même, si une femme a la possibilité d'accéder à un poste important, elle connaîtra davantage de difficultés d'articulation vie privée-vie professionnelle qu'un homme au même poste. Le problème n'est pas toujours que les femmes ne peuvent pas accéder à un poste important mais plutôt qu'elles ne le font pas ou qu'elles y accèdent au prix de sacrifices (comme ne pas faire d'enfants par exemple). Le regard des autres pèserait certainement très fort sur un couple où la femme serait carriériste et l'homme père au foyer ou à temps partiel. C'est donc pour éviter d'avoir à subir le jugement des autres et de la société que les hommes et les femmes contribuent chacun (dans une certaine mesure) à maintenir un statut quo à la traditionnelle division des rôles sexués. Néanmoins, on ne peut pas nier les progrès qui ont été réalisés ces vingt dernières années en faveur de l'égalité femme/homme. Ces progrès sont considérables. Les mentalités évoluent et de plus en plus de mesures sont prises aussi bien à l'école que dans le monde du travail pour améliorer le bien-être et la réussite des femmes et des hommes.