Les transformations digitales à l'épreuve de l'activité et du travail constitue le volume 3 de la série « changements technologiques et ressources humaines » publiée aux éditions ISTE. Il s'agit d'une série de cinq ouvrages de sciences des organisations (psychologie du travail, gestion des ressources humaines, sociologie de l'entreprise).
Le titre complet de ce volume 3 est le suivant : « Les transformations digitales à l'épreuve de l'activité et du travail. Comprendre et accompagner les mutations technologiques émergentes. »
L'ouvrage est composé de dix-huit chapitres rédigés par de nombreux auteurs dont Marc-Eric Bobillier Chaumon, professeur de psychologie du travail au CNAM à Paris et titulaire de la chaire de psychologie du travail. Son approche est celle de « l'acceptation située » des technologies à l'épreuve du travail. Il ne s'agit pas d'étudier l'acceptabilité d'un objet technologique en tant que tel (en imaginant ses avantages et ses défauts liés à de futurs usages) mais au contraire de mettre à l'épreuve l'objet technologique dans un contexte réel de travail et d'étudier l'acceptation des nouvelles pratiques de travail (acceptation individuelle, organisationnelle, relationnelle et professionnelle/identitaire).
Les dix-huit chapitres sont regroupés en quatre grandes parties. La partie 1 propose un état des lieux des technologies dans le monde du travail : plateformes collaboratives de travail, réalité virtuelle, robotisation dans les industries, utilisation de « serious escape game » et systèmes d'intelligence artificielle (IA) de nouvelle génération. Les technologies ou « technologies émergentes » peuvent ainsi revêtir de nombreuses formes et permettre des usages variés dans diverses secteurs d'activité.
La diffusion des technologies entraîne cinq paradoxes expliqués au premier chapitre, parmi lesquels le sentiment de perdre le contrôle sur son activité (interruptions numériques fréquentes dans le travail des cadres supérieurs) versus l'augmentation du contrôle sur l'activité (mise en place de systèmes techniques prescriptifs).
La partie 2 traite des « nouvelles modalités et formes de travail ». Le premier chapitre de cette partie aborde les bénéfices et les contraintes du télétravail. Même si le travail à distance est possible grâce aux technologies, le management et la communication à distance ne peuvent se faire de la même façon que pour un salarié présent au bureau. Le déploiement du télétravail nécessite ainsi un accompagnement organisationnel adapté.
S'ensuit une étude de cas sur l'introduction d'une application numérique de prévention des risques professionnels en chantier de réhabilitation. Cette application sur tablette facilite les pratiques managériales de chantier.
Le chapitre suivant concerne les intentions des dirigeants de PME d'intégrer de la robotique collaborative dans le travail. Ce chapitre témoigne de l'importance de la prise en considération du réel et aborde la différence entre le souhaitable (vouloir moderniser l'entreprise en s'inspirant de « l'industrie du futur ») et la faisabilité (prise en compte des moyens financiers, des conditions de travail, des problèmes techniques, etc).
Le dernier chapitre de cette partie traite du rôle des artéfacts technologiques dans l'activité entrepreneuriale (conception de projets) comme des logiciels de maquettage numérique et des impressions 3D. Ces outils numériques vont permettre une représentation de l'objet d'innovation qui sera sujet à diverses modifications et évolutions avant validation définitive.
La partie 3 est consacrée aux conséquences psychosociales et socio-organisationnelles de la diffusion des technologies. Le premier chapitre de cette partie questionne les espaces de travail flexibles (open space) où les salariés n'ont plus un bureau attitré.
Le deuxième chapitre soulève la problématique du travail numérique jetable dans le cadre de la conception de jeux video où des essais sont régulièrement effectués et des scènes de jeu modifiées ou entièrement refaites.
Le troisième chapitre de cette section rend compte des différences entre les jeunes salariés et les salariés plus âgés dans le rapport aux technologies. Les auteurs de ce chapitre posent la question de l'obsolescence des compétences des salariés âgés. Pour autant, l'étude menée auprès de contrôleurs de la SNCF montre que les salariés âgés s'approprient l'outil digital qui remplace le carnet de contravention classique, malgré quelques dysfonctionnements de la machine.
Le quatrième et dernier chapitre de cette partie aborde la médiatisation digitale dans les collectifs de travail (messagerie électronique, gestionnaire d'agendas, logiciel de visioconférence, réseau social d'entreprise, dossiers partagés...). Si la médiatisation digitale rend efficace la synchronisation des activités individuelles et le travail collectif, la sur-médiatisation et l'utilisation d'un trop grand nombre d'outils numériques compliquent en revanche l'activité individuelle en allongeant le temps consacré au décodage des informations transmises.
La dernière partie, la partie 4, s'intitule « démarches et méthodes pour conduire les transformations digitales ». L'ergonomie prospective et la simulation de l'activité digitale en devenir sont les thèmes des deux premiers chapitres de cette partie. Deux exemples de simulation sont présentés : l'exemple d'une tablette numérique géante destinée à accueillir les clients dans une compagnie d'assurance et l'exemple de puces électroniques permettant l'identification rapide des livres dans des bibliothèques-relais. Simuler les nouvelles pratiques de travail à l'aide de maquettes et d'avatars permet de se préparer au projet de transformation digitale.
L'avant-dernier chapitre établit un bilan sur les transformations digitales qui peuvent être perçues comme des opportunités ou des menaces. Les auteurs prônent une gestion sociale et responsable des nouvelles technologies. Si certains outils digitaux facilitent le télétravail par exemple, l'utilisation de ces outils ne doit pas nuire au droit à la déconnexion.
L'ouvrage se termine par un chapitre qui vise à promouvoir « l'acceptation située des technologies émergentes dans et par l'activité ». Le modèle le plus connu et utilisé à ce jour est le modèle de l'acceptabilité sociale (le TAM, Technology Acceptance Model) théorisé par Davis en 1989. Ce modèle prend en compte deux facteurs que sont l'utilité perçue et la facilité d'usage perçue par les utilisateurs. Cependant, les bénéfices et les contraintes de l'objet technologique sont évalués en dehors du contexte réel des situations de travail, d'où le modèle de l'acceptation située, qui met l'accent quant à lui sur l'acceptation des nouvelles pratiques de travail induites par les transformations technologiques.